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Sanannguagait

David Allard Martin

Un des objectifs de ce voyage d’études était d’aller réaliser un atelier en collaboration avec l’Association régionale Kativik afin de faire découvrir Sanannguagait à des éducatrices de garderies du Nunavik.


Le jeu de pièces développé au Laboratoire N360 par Victor Bernaudon s’adresse à des enfants d’âge préscolaire et primaire. Il permet aux jeunes inuits de se familiariser avec le syllabaire de l’inuktitut du Nunavik tout en leur permettant de s’amuser en créant des compositions spatiales. Avec les pièces, les jeunes peuvent écrire leur nom, créer des abstractions d’objets et d’espaces qui les entourent, « dessiner  » des plans, faire des visages, monter la plus haute tour possible, etc.

L’idée de développer un jeu reflétant la culture inuite avait été introduite à l’UQAM par Tommy Pallisser et l’Association des hommes d’Inukjuak (UNAAQ) il y a près de six ans. Les objets que voulait fabriquer Pallisser étaient trop dispendieux, mais l’idée d’un jeu inuit a germé dans la tête de Victor. Il a fini par développer ces pièces en plastique HDPE et en érable en déconstruisant le syllabaire de l’inuktitut en formes géométriques simples.

Le projet a beaucoup évolué depuis le prototype découpé au laser dans du contre-plaqué. Un «  démo  » fut envoyé au Nunavik il y a quelques années. La réaction fut instantanée : les parents et les écoles voulaient s’en procurer un exemplaire. Deux problématiques importantes restaient cependant à résoudre.

 

D’une part, le marché auquel s’adresse ce jeu spécifique au Nunavik est très limité. Effectivement, il y a moins de 15 000 personnes au Nunavik et très peu d’écoles. Le marché de vente étant vraiment limité, il aurait été impossible de fabriquer le jeu en grand volume pour profiter d’une économie d’échelle et ainsi faire descendre son coût de production. Heureusement, le projet de recherche Habiter le Nord québécois (1) a octroyé un financement permettant de terminer le design et de le mettre en production à l’UQAM. Quarante exemplaires pourront donc être distribués gratuitement dans les garderies et écoles primaires du Nunavik d’ici la fin de l’année.

 

D’autres part, si le jeu avait été vendu par un designer montréalais, il aurait facilement pu être critiqué comme étant une appropriation culturelle. En gardant un lien fort avec la communauté pendant la conception et en rendant les dessins et le cahier de production en libre accès, Victor s’est assuré de garder sa position de designer en répondant à un besoin de la communauté.

Les questions de production émergèrent à la fin du printemps 2017. Jusqu’à ce moment, seulement des prototypes et des démonstrateurs avaient été produits. Il fallait maintenant créer un processus pour produire efficacement 40 exemplaires (totalisant 4000 pièces) en plus de concevoir un sac et le graphisme qui allait être imprimé sur celui-ci. Une micro-usine fut donc mise en place dans l’atelier multitechnique de l’École de design pendant l’été 2017. Trois démonstrateurs furent fabriqués à la fin de l’été et deux d’entre eux furent donnés à l’Association régionale Katitivik qui confirma leur intérêt pour les quarante exemplaires.

Au début de l’hiver 2018, les étudiants en maîtrise se mirent à la tâche. En moins de 200 heures de travail, ils réussirent à produire les dix-neuf premiers exemplaires tandis que les sacs furent produits par l’entreprise Les Petites Mains (2) à Montréal. Les 19 jeux furent donnés aux éducatrices des garderies du Nunavik le jeudi 22 mars 2018 lors d’un atelier d’introduction qui eut lieu à la Commission scolaire Kativik à Kuujjuaq.

Atelier d'introduction de Sanannguagait

©David Allard Martin, Montréal, 2018

Sanannguagait

©David Allard Martin, Montréal, 2018

Toupie numérique

©David Allard Martin, Montréal, 2017

Sanannguagait en production

©David Allard Martin, Montréal, 2018

Production des démonstrateurs

©David Allard Martin, Montréal, 2017

Une jeune inuk en train de jouer avec Sanannguagait

©Jacob Éthier, Kuujjuaq, 2018

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