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Le territoire de Schefferville,

Matimekosh-Lac-John

et Kawawachikamach

Louise Malé-Mole

Ghislain Lévesque, administrateur de la ville de Schefferville (1), nous a reçus dans les locaux de l’Hôtel de Ville pour nous présenter l’histoire du territoire que nous découvrons. Le terme « administrateur » est important, car contrairement à ce que nous avions assumé, M. Lévesque n’est pas maire de Schefferville. En effet, depuis les années 1990, la ville n’est pas dirigée par un conseil municipal. M. Lévesque joue ce rôle, mais collabore également étroitement avec le Conseil des Nations innue et naskapie dans la prise de décision concernant certaines initiatives communes.


Si les communautés innue et naskapie sont familières avec le territoire (Nitassinan, « notre terre » pour les innus (2)) depuis des milliers d’années, l’histoire de la ville de Schefferville est bien plus récente et indissociablement liée au développement des exploitations minières initié par la compagnie IOC dans les années 1950. La demande de main-d’oeuvre encourage certains Innus, rejoints ensuite par des Naskapis, à travailler dans les mines. On leur offre alors de s’établir en bordure de la ville de Schefferville, aux abords du Lac John. Mais ce phénomène de sédentarisation de communautés autochtones nomades est curieusement organisé : les Naskapis sont installés au centre, et on attribue aux Innus des habitations tout autour de celles des Naskapis.

Il faut attendre 1972 pour que cette situation évolue. La réserve de Matimekush (« petite truite » en langue innue) est alors étendue sur le territoire de la ville de Schefferville et le développement de la construction permet à la communauté innue de bâtir non seulement des logements, mais aussi de se doter de bâtiments pour accueillir le Conseil de la Nation innue, une école, un aréna, un centre communautaire…

 

Pour la communauté naskapie, la situation est un peu différente (3). Communauté nomade originaire du Nord-du-Québec, les Naskapis se sont d’abord établis à Fort Chimo (aujourd’hui Kuujjuaq) avant de descendre vers le sud pour rejoindre Schefferville dans les années 50. Suite à la signature de l’Accord de la Baie James et du Nord québécois en 1975, les Naskapis rejoignent l’accord en signant l’ Accord du Nord-Est québécois en 1978. Cette signature leur permet d’obtenir non pas une réserve comme les Innus, mais un territoire dont ils sont uniques propriétaires (dit « terre de catégorie 1), ainsi qu’un territoire de chasse et de pêche (« terre de catégorie 2). C’est donc à 15 km de Schefferville que s’établit le seul village naskapi du Québec, Kawawachikamach. Autre particularité, les Naskapis étant traditionnellement établis au nord du 55e parallèle, ils siègent au conseil de l’Administration régionale Kativik, qui administre la région du Nunavik.

 

La fermeture de la mine en 1982 vient cependant brusquement compromettre la prospérité économique de Schefferville, Matimekush et Kawawachikamach. Menacée de démolition en 1990, Schefferville doit son existence actuelle à la mobilisation des communautés innues et naskapies, ainsi que celle de quelques « blancs » attachés à la région. Si les traditions, les réalités sociales et économiques des blancs, des innus et des naskapis sont différentes, ils partagent cependant un but commun : préserver la beauté des paysages et protéger l’environnement naturel de leur territoire. Le nouvel essor de la mine, rachetée par la compagnie indienne Tata Steel depuis 2010 en est un exemple : la création d’emplois est synonyme de développement économique, mais les habitants restent malgré tout vigilants quant aux effets néfastes des activités minières sur leur territoire.

Batiment de la mine de Fermont
Batiment de la mine de Fermont

©Pier-Luc Lussier, Fermont, 2018

Une femme à Fermont

©Patrick Evans, 2018

©Louise Malé-Mole - 2018

Schefferville

©Catherine Dubois - 2018

Une femme à Fermont

©Patrick Evans, 2018

l'Hôtel Royal

©Catherine Dubois - 2018

Une femme à Fermont

©Patrick Evans, 2018

Références

  1. Ghislain Lévesque est investi depuis longtemps sur le terrain, il a notamment été maire de Sept-Iles pendant plus de dix ans avant de venir s’installer à Schefferville. II possède donc une grande connaissance et compréhension du territoire et des différents acteurs locaux.

  2. Les Innus (Montagnais) - page consultée en avril 2018

  3. Les Naskapis - page consultée en avril 2018

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